« La recherche de la paix durable dans notre pays n’est pas que militaire .Tout n’est pas que militaire. Que les armes se taisent pour faire place au dialogue » a déclaré le ministre de l’Administration territoriale, de la Sécurité et de la Décentralisation, le colonel BouKaré Zoungrana lors d’un forum régional sur le dialogue communautaire organisé par l’association Dialogue sans Frontières, le vendredi 19 mai 2023 à Yaoko, chef-lieu de la province du Passoré.
Faisant le point sur l’insécurité au Burkina, l’Association Dialogue Sans Frontières fait remarquer que selon les autorités étatiques, 90% des personnes qui nous attaquent sont des Burkinabé. « La méfiance, la suspicion, la délation se sont installés progressivement entre individus et entre communautés qui vivaient naguère en parfaite harmonie. Le vivre ensemble est fortement ébranlé au Burkina Faso. Faut-t-il assister, en spectateur à la déliquescence de l’Etat ? Comment- construire des nouveaux rails du vivre ensemble au Burkina Faso ? Quelle est la part contributive individuelle et collective qui permettra au Burkina Faso de rester débout, malgré la tempête »
c’est en ces termes que Dialogue sans Frontières justifie la tenue de ce forum régional. Pour trouver des réponses aux questions évoquées, elle a fait appel à d’éminents communicateurs notamment le président du Laboratoire citoyennetés, Raogo Antoine Sawadogo, l’ancien ministre de la justice Salamata Sawadogo /Tapsoba, le commissaire de police à la retraite Paul Sondo etc. ….
Dans sa communication, le président du Laboratoire Citoyennetés, Raogo Antoine Sawadogo a décrypté les types de sécurité et les mécanismes de sécurisation en milieu traditionnel « Noyées ou écartelées dans des espaces sociaux, eux aussi éclatés et devenus plus ouverts, les anciennes structures sociales (notamment les mécanismes de sécurisation) connaissent un grand délabrement, même dans les milieux réfractaires aux changements. Les solidarités familiales et lignagères se sont érodées et les pouvoirs coutumiers sont contestés et très affaiblis » constate le président du Laboratoire citoyennetés.
Il est convaincu qu’en ce contexte de crise sécuritaire, les mécanismes traditionnels de sécurisation ont leur place dans les stratégies recherchées pour ramener la paix et fortifier le vivre ensemble.« On retient qu’il existe plusieurs forces qui concourent à la sécurisation. Le rôle de l’Etat et principalement de son organe chargé à cet effet est de reconnaître que ces forces existent. Elles sont soit rampantes, dégénérescentes soit exacerbées, émergentes. On gardera à l’esprit que de la capacité de l’Etat à organiser une sorte de complémentarité ou une saine émulation entre ces forces dépendront la paix et la concorde sociale » soutient Antoine Raogo Sawadogo tout en proposant que les mécanismes traditionnels de sécurisation soient enseignés dans les instituts de formation diplomates.
L’ancien ministre de la justice, Salimata Sawadogo/Tapsoba estime pour sa part qu’en contexte de crise et pour la quête d’un meilleur vivre ensemble, l’institution judiciaire se doit d’être accessible, crédible et impartiale.
L’ancien commissaire de police, Paul Sondo pour sa part a prêché pour une flexibilité des contrôles policiers, ainsi pour faciliter la collaboration entre forces de défense et de sécurité et la population civile. Appréciant la pertinence des différentes thématiques abordées au cours de ce forum, le ministre de l’Administration territoriale, de la Sécurité et de la Décentralisation a déclaré que son département s’en inspirera pour documenter les stratégies que le pouvoir de la transition développe pour asseoir une paix durable au pays des hommes intègres.
A ce propos, il confie que 4 stratégies nationales sont en cours d’élaboration à travers une démarche inclusive et participative et seront amendées et adoptées au cours d’une assise nationale. Il s’agit de la stratégie nationale de prévention de l’extrémisme violent et la radicalisation, la stratégie nationale de cohésion sociale, la stratégie nationale de réconciliation, la stratégie nationale du vivre ensemble.
« La recherche de la paix durable dans notre pays n’est pas que militaire. Tout n’est pas que militaire. Que les armes se taisent pour faire place au dialogue » a martelé le ministre Boukaré Zoungrana. Soulignant que la participation de 300 personnes issues de différentes couches sociales à ce forum témoigne de la capacité des burkinabé à s’asseoir sous un même toit pour discuter et trouver des solutions face à un problème, le président de Dialogue sans Frontières, l’ancien ambassadeur Filipe Ouédraogo a remercié le PNUD et la Fondation Hanns Seidel qui ont accompagné son organisation.
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